Napoléon et la Pologne

Dévouvrez avec nous les liens entre Napoléon, les Polonais, la Pologne et aussi quelques anecdotes et informations insolites sur l'Empereur. 

Auteur(s) : Emma Monbrun / Julien Hallier Publié le : 05/05/2021

Napoléon et la Pologne

Napoléon et la Pologne, c’est une grande histoire d’espoirs, d’amour et de désillusions. La Pologne est le seul pays au monde à chanter Napoléon dans son hymne national, et au regard des plaques commémoratives et peintures réalisées en son honneur, Napoléon Bonaparte a joué un rôle important au début du 19ème siècle en Pologne. Les Polonais ont accompagné Napoléon tout au long de sa destinée et le souvenir de l’Empereur restera très vivant en Pologne jusqu’à nos jours.

Comment Bonaparte a conservé une emprise sur l'imaginaire polonais au cours des deux derniers siècles ? A l’occasion du bicentenaire de la mort de l’Empereur (5 mai 1821), nous vous emmenons sur les traces de Napoléon et de l’époque napoléonienne en Pologne.

Napoléon et les Polonais

Maria Walewska, née Łączyńska (1786-1817), eut pour précepteur Nicolas Chopin, futur père du célèbre Frédéric. A 18 ans, elle prit le nom de Walewska en épousant le Comte Anastazy Walewski, un homme de 70 ans.

En 1807, un bal de carnaval en l’honneur de l’arrivée de Napoléon à Varsovie fut organisé dans la rue Miodowa à Varsovie. C’est à ce bal que Maria Walewska et Napoléon se seraient rencontrés. Ce dernier n’aurait eu d'yeux que pour elle. « Je n'ai vu que vous, je n'ai admiré que vous, je ne désire que vous », lui aurait-il écrit.

Poussée par sa famille, et avec l'accord de son époux, elle devint la maîtresse de l'Empereur français, et partit quelques mois avec lui au Palais de Kamieniec. De cette idylle naîtra Alexandre, le 4 mai 1810.

La romance entre Walewska et Bonaparte a duré 3 ans. Néanmoins, l'empereur tenait à assurer l'avenir de la mère de son enfant et d'Alexandre lui-même. Il leur a donné un palais près de Paris, un revenu annuel, et a même donné à son fils le titre de Comte. Peu de temps après leur séparation en septembre 1814, Maria et son fils rendirent visite à Napoléon lors de son exil sur l'île d'Elbe.

Maria Walewska est morte le 11 décembre 1817 à Paris. Les descendants de Napoléon et de Maria vivent en France encore aujourd'hui.

Il existe beaucoup de théories selon lesquelles la relation avec Napoléon n'était qu'un jeu politique. Certains politiciens avaient certains espoirs politiques pour la relation entre Maria et Napoléon. Même après leur séparation, la noblesse polonaise espérait que le souvenir passionnel de Maria persuaderait Napoléon de fusionner le duché de Varsovie avec la Lituanie en 1812, en vain.

En Pologne, le prince Józef Poniatowski (1763-1813)  est connu comme le neveu du dernier roi de Pologne et comme un héros national. En France, il est connu comme le seul général étranger à avoir été élevé au grade de maréchal de France.

Au lendemain des partitions de la Pologne, Józef, ardent patriote, voyait en Napoléon Bonaparte une chance de retrouver son indépendance. Il devint alors ministre de la guerre, puis en 1806, il prit le commandement de l'armée en formation du duché de Varsovie.

Dans la campagne contre la Russie en 1812,  il commanda le 5e corps de l'armée française composé de soldats polonais. Après cette célèbre défaite, le prince Józef, opposé à se soumettre à la Russie, aurait eu ces mots : "Non, je ne quitterai pas Napoléon." Peu de temps après, Poniatowski décida de restaurer l'armée polonaise.

Napoléon décida alors d’élever le prince Poniatowski au rang de maréchal de France le 15 octobre 1813, à la veille de la bataille de Leipzig, au cours de laquelle il périt dans des circonstances héroïques.

Des années plus tard, sur l'île de St. Hélène, Napoléon aurait affirmé que seul Józef Poniatowski pouvait être le vrai roi de Pologne.

Les Polonais dans la Grande Armée 


En 1795, le troisième partage de la Pologne entre l’Autriche, la Russie et la Prusse, avait fait disparaître son territoire de la carte de l'Europe. Lorsqu’en 1807, Napoléon Ier déclara vouloir redonner à la Pologne un semblant d'unité, de nombreux Polonais s'engagèrent dans l'armée napoléonienne pour former une unité d'élite. Le fait que les ennemis de la France se soient avérés être les oppresseurs de la Pologne suscita une grande espérance chez les Polonais.

En 1797, des troupes polonaises se formèrent dans le nord de l'Italie, sous le commandement du général Dąbrowski, décorées de cocardes françaises. Jusqu’en 1808, les légions polonaises constituaient la force étrangère la plus importante de la Grande Armée avec plus de 100 000 soldats.

Mais en en 1802, les victimes des combats à Haïti et les maladies tropicales ont réduit l’effectif polonais de 5 000 hommes à quelques centaines de survivants en moins de deux ans. Cette expérience haïtienne a jeté de gros doutes parmi les Polonais sur les bonnes intentions de Napoléon envers la Pologne.

Mais, quand en 1807, Napoléon créa le Duché de Varsovie, les espérances renaissent. Ce sont plus de 100 000 Polonais, sous les ordres de Józef Antoni Poniatowski, qui s'engagent une nouvelle fois dans la Grande Armée sous le nom de la “Légion de la Vistule”. En tant que plus grand contingent étranger, les Polonais ont joué un rôle primordial et s’illustrèrent dans de nombreuses batailles. Notamment lors la bataille de Somosierra en Espagne, où Napoléon complimenta les Polonais avec l’expression maintenant célèbre “Etre saoul comme un Polonais”. Les Polonais se sont également battus corps et âmes dans la bataille de la Moskova. Malheureusement, seulement 30% des effectifs ont survécu.

Napoléon pour la Pologne

Le Duché de Varsovie


Ce drôle d'État n'aura finalement duré que 8 ans, mais il attise encore les controverses entre les partisans de l'épopée napoléonienne et ceux qui pensent que l'Empereur s'est cyniquement servi des Polonais comme de la chair à canon.

Accueilli à Varsovie en “libérateur” en 1806 après sa victoire contre la Prusse, les Polonais espéraient voir en Napoléon celui qui fera renaître leur souveraineté perdue. L'Empereur, lors de la signature du traité de Tilsit en juillet 1807 avec le Tsar Alexandre 1er, créa le Duché de Varsovie.

Sa superficie était de 101 500 km2 et le Roi Frédéric-Auguste 1er de Saxe, allié de l'Empereur fut nommé Duc de Varsovie, Napoléon ayant le titre de "Protecteur". Une force armée de 39 000 hommes a été mise sur pied et confiée à 3 généraux, Józef Poniatowski, Józef Zajączek et Jan Henryk Dąbrowski.

Mais, à l'été 1812, Napoléon et son armée comptant plus de 100 000 Polonais entra en guerre contre la Russie, qui se soldera par un échec. Sur ces 100 000 soldats, seulement 24 000 ont survécu. Le Duché de Varsovie cessa alors d’exister avec la chute de Napoléon et le congrès de Vienne en 1815.


La constitution du Duché de Varsovie et le code Napoléon 


Comme Napoléon rejetait l'idée de restaurer la constitution du 3 mai 1791 qu'il jugeait trop conservatrice, il dota le Duché de Varsovie en 1807 d'une constitution inspirée des institutions de l’Empire français. Cette constitution garantissait l’égalité de tous les citoyens devant la loi, abolissait les privilèges de la noblesse ainsi que le servage. En 1808, le code civil français ou le Code Napoléon fut introduit au Duché. Ce code était fondé sur le droit romain, l’ancien droit français et les dispositions juridiques au temps de la Révolution. Pour Napoléon, il s’agissait d’un outil unificateur pour toutes les nations de l’Europe.

Napoléon en Pologne

Il y a de nombreux endroits à visiter sur les traces de Napoléon en Pologne : Poznań, Varsovie, Ostróda, le palais de Kamieniec, etc. Nous vous présentons ci-dessous les principaux. (liste non exhaustive)



Napoléon à Poznań 


À la fin de 1806, Poznań a repris le rôle de centre européen. La ville était habitée par l'empereur français Napoléon Ier, du 27 novembre au 16 décembre.

Le 27 novembre, vers 22 heures, l'Empereur entra dans la capitale de la Grande Pologne. Il séjourna dans l'ancien collège des Jésuites, la deuxième plus ancienne université polonaise après l'Université Jagellonne de Cracovie.

Le 2 décembre, jour d’anniversaire de la bataille d'Austerlitz et du couronnement de Napoléon Bonaparte, le général Dąbrowski organisa un bal. C'est à ce bal que Napoléon put admirer pour la première fois l'extraordinaire beauté des femmes polonaises. 

Le 11 décembre, Napoléon y signa un traité de paix entre la France et la Saxe, représentée par le prince Frédéric Ier de Saxe, qui deviendra par la suite le souverain du duché de Varsovie.

Le 16 décembre 1806, l'empereur quitta la capitale de la Grande Pologne. Mais ce ne fut pas un adieu. Napoléon visita Poznań trois fois de plus : les 15 et 16 juillet 1807, du 30 mai au 2 juin 1812, puis le 12 décembre de la même année.

Napoléon à Varsovie 


Napoléon a séjourné à Varsovie à plusieurs reprises, le plus long séjour étant du 1er au 30 janvier 1807. Comme il se doit pour un souverain, il séjourna au château royal, qui n'était pas vraiment préparé à recevoir un invité de ce rang. Pour remplir les chambres vides, des meubles ont dû être empruntés à divers autres palais de Varsovie. Bonaparte, par superstition, aurait refusé d’occuper l'ancienne chambre du Roi détrôné et aurait ordonné de mettre son lit dans la garde-robe royale.

A cette période, Bonaparte se trouvait à Varsovie au moment du carnaval, une période de joie alimentée par l'espoir de l'indépendance. L'empereur assistait alors à des bals et à des représentations théâtrales. C’est également à Varsovie qu’il rencontra Maria Walewska, sa future amante.

Reste-t-il beaucoup de souvenirs napoléoniens à Varsovie? Étonnamment peu. Pendant une courte période, la rue Miodowa a été rebaptisée Napoleona, mais le nom a été abandonné en 1813. La place Napoléon, dont le nom a été remplacé en 1957 par le nom Plac Powstańców Warszawy, a également disparue. Le château royal a été complètement détruit, puis reconstruit après la destruction de la guerre. Il est donc vain d'y chercher des traces napoléoniennes, et pourtant... la trace de la visite napoléonienne y est restée. Sur ordre de Napoléon, en juillet 1807, une grande toile de Marcello Bacciarelli "L'hommage prussien" et quatre tableaux de Canaletto qu’il avait admirés lors de son séjour ont été emmenés en France. Dans le cadre de la révocation en 1820, les tableaux de Canaletto ont été récupérés, mais pas “l'Hommage prussien". Aujourd'hui, dans la salle des chevaliers du château royal, nous pouvons voir la réplique, l'original n'étant jamais revenu en Pologne.

Napoléon à Ostróda 


Napoléon atteint Ostróda sur la rivière Drwęca après la sanglante bataille de la Iława, ou la bataille d’Eylau. Les quarante jours de Napoléon à Ostróda (du 21 février au 31 mars 1807) s'écoulent de manière assez laborieuse. Pendant la pause hivernale des opérations militaires, l'Empereur s'occupait de compléter les pertes de la Grande Armée.

Les habitants d'Ostróda n'ont pas accueilli les Français avec autant d'enthousiasme que les habitants de Varsovie. Le 7 février, lors de la bataille d’Eylau, la ville a été pillée et de nombreuses maisons incendiées par des soldats de la Grande armée.

Comme quartier général, l'empereur avait choisi un château teutonique en brique, situé près de la rive du lac Drwęckie. Selon Bonaparte, le château n'était pas très convivial, froid et humide. Le souverain, habitué à la vie mondaine et à un standard différent de logement, n'a pas hésité dans sa lettre à l'impératrice Joséphine à définir Ostróda comme "un village pauvre".


Napoléon à Kamieniec 


Après la déception d’Ostróda, Bonaparte fut impressionné par le Palais de Kamieniec (anciennement Finckenstein). En voyant le manoir, il se serait même exclamé “enfin un palais !”. Le palais de Kamieniec était considéré comme l'une des quatre résidences en Prusse dignes de recevoir le monarque. On l'appelait même le “Versailles prussien”.

Napoléon y séjourna du 1er avril au début du mois de juin 1807. C'est par ailleurs dans ce palais que Napoléon et Maria passèrent plusieurs semaines ensemble. La noble polonaise admit même dans son journal qu'elle y aura passé “les six semaines les plus heureuses de sa vie”.

Le palais a été pillé et incendié en 1945. Cependant, vous verrez une plaque commémorative à l'entrée principale, indiquant que Napoléon lui-même a séjourné ici pendant deux mois et qu'il a gouverné l'Empire depuis cet endroit.

Informations insolites sur Napoléon, la Pologne et les Polonais

 
Napoléon est mentionné dans l'hymne national polonais


L’hymne polonais est le seul hymne du monde à mentionner l’Empereur Napoléon Bonaparte dans son texte. Le futur hymne est l’œuvre du patriote et poète polonais Józef Wybicki écrite lors de son séjour en Italie où il réside à l’invitation du général Jan Henryk Dąbrowski, un des commandants des légions polonaises. Comme tous ses compatriotes, Józef Wybicki espère combattre un jour sous les ordres de Napoléon pour libérer la Pologne. On comprend donc pourquoi cette « Marseillaise polonaise »  évoque l’empereur des Français :

“Bonaparte nous donna l’exemple, comment nous devons remporter des victoires” “Dał nam przykład Bonaparte, jak zwyciężać mamy”.

Cette Mazurka dite de Dąbrowski est l’hymne national polonais depuis 1927.


« Etre saoul comme un polonais »


Si les Polonais ont une solide réputation en matière d'alcool, c'est en réalité à cause de Napoléon.

D’où  vient cette expression ? 

En 1808, lors de la campagne d'Espagne, un dernier assaut devait être donné à 1 500 mètres d'altitude à Somosierra. Lorsque Napoléon ordonna aux szwoleżer polonais (chevaux-légers) de charger les Espagnols, la victoire semblait loin d'être certaine, car la situation semblait favoriser les Espagnols. Cependant, malgré les pertes énormes des deux côtés, ce régiment d'élite de l'armée de Napoléon remporta brillamment la bataille le 30 novembre 1808.

Jaloux de cet exploit polonais, les généraux français auraient raconté à l'Empereur que les Polonais étaient saouls pendant la bataille. C’est alors que Napoléon dit cette fameuse phrase : “Alors la prochaine fois, sachez être saouls comme des Polonais !”


Les noms polonais sur l'Arc de Triomphe à Paris


Parmi les soldats napoléoniens dont les noms sont immortalisés sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile, on compte six Polonais: Józef Chłopicki, Jan Henryk Dąbrowski, Karol Kniaziewicz, Józef Poniatowski, Józef Sułkowski et Józef Zajączek. Les sites des batailles napoléoniennes menées en Pologne y ont également été commémorés: Pułtusk (1806), Gdańsk (1807), Ostrołęka (1807).

Invitation au voyage en Pologne

 

Nous avons déjà organisé à plusieurs reprises pour le compte de clients françophones des séjours sur les traces de Napoléon et de l’époque napoléonienne en Pologne.

L'itinéraire sélectionné vous permettra de découvrir, entres autres, les villes et les villages suivants : Varsovie, Błonie, Łowicz, Walewice, Kiernozia, Ślesin, Poznań, Toruń, Ostróda, Kamieniec Suski, Dobre Miasto, Lidzbark Warmiński, Opinogóra, Pułtusk, Golimin, Plonsk, Sochocin, Krasne, Modlin, Jabłonna.

Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !

Crédits photos : Destination Pologne

 

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