Les films sur la Shoah tournés en Pologne

Découvrez notre sélection des 5 films les plus célèbres sur la Shoah tournés en Pologne. 
(liste subjective et non exhaustive)

Auteur(s) : Kinga Dziedzia / Julien Hallier Publié le : 06/04/2022
1) Le Pianiste (2002)


Le 6 septembre 2002 marque la sortie en Pologne du long métrage de Roman Polański, qui a valu au réalisateur la très convoitée Palme d'Or au 55e Festival international du film de Cannes.

Le tournage du film, avec le remarquable Paweł Edelman derrière la caméra, a commencé en février 2001 en Allemagne et s'est achevé le 16 juin en Pologne. Les cinéastes ont travaillé dans les rues de la capitale, sur la rive droite de la Vistule, dans le quartier de Praga, ainsi que dans l'enceinte de l'Académie de l'état-major général dans la ville de Rembertów, à la Philharmonie nationale de Varsovie et dans des studios situés dans les quartiers périphériques de la ville.

Le scénario du Pianiste, basé sur les mémoires de Władysław Szpilman, est le fruit d'une collaboration entre Ronald Harwood et Roman Polanski. L'acteur américain Adrien Brody y apparaît comme personnage principal. Wojciech Kilar a composé et arrangé la musique du film et Allan Starski a conçu la production. Les dialogues du film sont en anglais.

Les mémoires de Władysław Szpilman, publiées en 2001, couvrent la période de la Seconde Guerre mondiale, de septembre 1939 à l'incursion de l'Armée rouge dans Varsovie en janvier 1945. Szpilman a miraculeusement évité la déportation du ghetto de Varsovie vers un camp de la mort nazi. Les autres membres de sa famille ont cependant connu ce destin tragique. Après la chute du soulèvement de Varsovie, Szpilman s'est caché dans les ruines de la ville déserte. Il a survécu, entre autres, parce qu'il a reçu l'aide d'un capitaine de l'armée allemande, Wilm Hosenfeld, qui a été fasciné par le talent musical de Szpilman et lui a indiqué une bonne cachette pour attendre la fin de la bataille pour la ville et le retrait imminent des Allemands. Hosenfeld a ensuite péri dans un camp de prisonniers de guerre soviétique.

Juste avant le début de la production du film, Roman Polański aurait déclaré :  « J'ai depuis longtemps l'intention de faire un film sur l'Holocauste. Les mémoires de Władysław Szpilman était le texte que j'attendais. Le Pianiste est un témoignage de l'endurance humaine face à la mort et rend hommage au pouvoir de la musique et à la volonté humaine de vivre. Il coupe court à de nombreux stéréotypes et, en tant qu'histoire, il est raconté sans le moindre soupçon de soif de vengeance ».

Il faut savoir qu’au début de la Seconde Guerre mondiale, la famille Polański a été réinstallée de force dans le ghetto de Cracovie. La mère de Polański a péri à Auschwitz tandis que son père a survécu au camp de concentration de Mauthausen. Polański lui-même s'est enfui du ghetto et a vécu les dernières années de la guerre dans un village à l'extérieur de Cracovie.

La musique est dans ce film un élément central. Les pièces classiques interprétées sont presque toutes du compositeur Frédéric Chopin. Les morceaux au piano sont des enregistrements du pianiste polonais Janusz Olejniczak (né en 1952). On peut aussi entendre de la musique traditionnelle juive, dite klezmer et plus précisément le morceau le plus populaire de ce registre Gasn Nign, qui est traditionnellement joué lors de mariages.

Le film est une coproduction britannique, française, allemande et polonaise, mais il a représenté la Pologne au Festival de Cannes.

2) La Liste de Schindler (1993)


Du genre drame historique, la Liste de Schindler est l’adaptation cinématographique du roman de Thomas Keneally portant le même nom.

La genèse du film commence avec la publication écrite de l'histoire de Leopold Pfefferberg, l'un des Juifs de Cracovie sauvés par Oscar Schindler, par Thomas Keneally. En 1982, l’écrivain australien publie son ouvrage qui suscite l’intérêt mais aussi l’étonnement de Steven Spielberg, qui se demande si l’histoire de Pfefferberg est réelle.

Ne se sentant pas prêt à réaliser un film sur la Shoah, Spielberg en parle à Roman Polański qui lui aussi refuse, car, il trouve « l’histoire trop proche de la sienne, sa mère étant morte dans le camp d’extermination d’Auschwitz et lui ayant vécu dans le ghetto de Cracovie ».

Martin Scorsese a lui aussi à son tour été sollicité pour la réalisation de ce film, mais il refusa car « seul un réalisateur juif en serait capable » selon lui.

Dès lors, c’est Spielberg qui a décidé d’entreprendre la tâche. Il ne demanda aucune rémunération pour la réalisation de ce film car pour lui, ce salaire aurait été « l’argent du sang ».

Le scenario du film raconte l’histoire de la population juive de Cracovie et des conditions dramatiques dans lesquelles ils vivaient durant la Seconde Guerre mondiale. En attendant la fin de la construction du camp de Płaszów, les juifs de Cracovie ont été emmurés dans le ghetto de la ville. Lorsque leur déportation vers le camp commença, Oscar Schindler a pris la décision de sauver autant de juifs qu’il pouvait (environ 1 300 personnes) en les engageant dans son usine car il savait que les faire travailler était le seul moyen pour éviter la mort dans les camps.  

La liste de Schindler a été tournée entre mars et mai 1993 a Cracovie, principalement dans les rues du quartier de Kazimierz. Par respect pour les victimes, Spielberg refusa de tourner dans l’ancien camp de concentration d’Auschwitz, bien qu’il en ai obtenu la permission. Les scènes du camp ont été tournées à l'extérieur de ses portes, sur un plateau construit à l'identique.

La bande originale du film a été composée par John Williams avec la présence notable du violoniste Itzhak Perlman. Il reçoit l'Oscar de la meilleure musique de film et le British Academy Film Award de la meilleure musique de film pour cet album.

Prix / Critiques :

Le film a rencontré un réel succès et des critiques majoritairement positives. Il est classé en 8ème place dans le Top 100 de l’Institut Américain du Film et en 6ème position dans la liste des Meilleurs films de tous les temps selon la Base de données cinématographiques d’Internet (IMDb). 

En 1994, le film a obtenu 7 récompenses aux Oscars dont l’Oscar du Meilleur Film, 3 aux Golden Globes et 7 aux BAFTA Awards.

Cependant, le film s’est attire les foudres de quelques autres cinéastes.

Claude Lanzmann, réalisateur du film « Shoah » reproche à Spielberg de présenter la tragédie de l’Holocauste au travers de l’histoire d’un seul allemand. Selon lui, 1 300 vies sauvées par Schindler ne sont pas représentatives face à la majorité des Juifs qui n’ont pas survécu à cette tragédie.  

Louis Skorecki s’indigne du fait que Spielberg « filmait des déportés juifs traqués par les nazis comme il filmait les nageuses attaquées par le requin dans Les Dents de la mer ou les enfants pourchassés par les dinosaures dans Jurassic Park », qui sont deux autres de ses réalisations sorties respectivement en 1975 et 1993.

Quant à Charlotte Lacoste, elle, doute de l’humanisme donné au personnage d’Oscar Schindler, qui est selon elle contestable au vu des faits historiques.

3) Ida (2013)


Ida, sorti en 2013 et produit par Paweł Pawlikowski est un film dramatique polonais.

Ce film à grand succès international, distribué dans les cinémas de près de 60 pays, a remporté au total plus de 30 prix, parmi lesquels l’Oscar du meilleur film en langue étrangère lors de la 87e cérémonie des Oscars, en 2015. C'est le premier film polonais à recevoir un prix dans cette catégorie.

Le film a également remporté un prix BAFTA pour le meilleur film non anglophone, battant ainsi son plus grand rival, le film Leviathan d'Andrey Zvyagintsev, qui sera également ensuite son principal adversaire lors des Oscars. Les BAFTA, les « Oscars britanniques», sont les récompenses cinématographiques les plus prestigieuses de Grande-Bretagne, décernées par l'Académie britannique des arts du cinéma et de la télévision.

L'Oscar et le BAFTA du film de Pawlikowski sont le couronnement de la longue liste de récompenses reçues par Ida. Le film a reçu une centaine de distinctions dans des festivals à Varsovie, Londres, Gdynia et Toronto, ainsi que cinq European Film Awards ou encore le Spanish Goya Award.

L’action du film a lieu en Pologne en 1962. Une jeune fille, qui croit se prénommer Anna, et ne connaît de son passé que le fait d’être orpheline, a été élevée dans un couvent. Alors qu’elle s’apprête à prononcer les vœux pour devenir none, on lui annonce qu’elle a une tante, sa seule parente en vie, et l’envoie à Varsovie pour qu’elle la rencontre. Sa tante, Wanda, lui dévoile alors qu’elle ne s’appelle pas Anna, mais Ida Lebenstein, qu’elles sont Juives et que les parents d’Ida sont morts pendant la guerre. Les deux femmes décident alors de retrouver les tombes de leurs proches enterrés, dans le but d'éclairer davantage le passé de leur famille.

4) Shoah (1985)


Réalisé par Claude Lanzmann, Shoah est un film documentaire français, sorti en 1985, abordant l’extermination des Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Composé uniquement de témoignages des rescapés de la Shoah, aucune image d’archives n’apparait dans l’ouvrage.

Quatre volets composent le film :

La campagne d'extermination des camions à gaz à Chełmno, qui met en avant les témoignages de Simon Srebnik, un détenu sauvé par sa voix que les nazis aiment entendre, de Mordechaï Podchlebnik, de Franz Schalling, un soldat SS et de Walter Stier, un bureaucrate nazi qui décrit le fonctionnement des chemins de fer tout en assurant qu’il ne savait pas que des millions de Juifs étaient transportés dans ces trains.

Le camp de mort de Treblinka, qui présente les témoignages de différents détenus du camp (Abraham Bomba, Richard Glazar, …) mais aussi d’un sous-officier allemand, Franz Suchomel, qui a travaillé dans le camp et qui, lui aussi, affirme ne pas avoir été au courant de l’extermination des Juifs jusqu’à son arrivée à Treblinka. Comme pour les autres protagonistes allemands, Lanzmann déclare qu’il a dû lui payer une généreuse somme d’argent en échange de son témoignage.

Le camp de mort d’Auschiwtz, alimenté par les confessions de Rudolf Vrba, l’un des rares détenus qui a réussi à s’évader du camp et de Filip Müller, qui était forcé à travailler dans l’un des fours crématoires du camp.

Le ghetto de Varsovie, décrit par Jan Karski, un membre du gouvernement polonais en exil à l’époque de la guerre mais aussi par Franz Grassler et des survivants juifs de l’insurrection de ce ghetto.

Suite à une demande du gouvernement israélien en 1973 à la fin de la guerre du Kippour, Lanzmann se lance dans une enquête préparatoire dans 14 pays différents qui durera 4 ans. En tout, le film a pris 11 ans avant d’être projeter pour la première fois en 1985. Entre-temps, Claude Lanzmann a du trouver d’autres sources de financement car sa durée et ses délais de fabrication ont rapidement épuiser les commanditaires israéliens.

De par sa longueur, son intransigeance et son authenticité, le film a directement fait sensation. La réalisation, de même que son auteur n’ont pas du attendre longtemps avant l’obtention des premiers prix. Du César d’honneur en 1986 au BAFTA Award en 1987, en passant par de nombreux prix du meilleur documentaire, le film Shoah a reçu 13 récompenses au total.

Il est tout de même important de souligner l’indignation du gouvernement polonais, qui estime que le film est « antipolonais », ainsi que de l’Association socioculturelle des Juifs de Pologne (Towarzystwo Społeczno-Kulturalne Żydów w Polsce) qui a remit une lettre de protestation à l’Ambassade de France à Varsovie.

De son côté, Władysław Bartoszewski, un survivant du camp d’Auschwitz reproche à Claude Lanzmann de ne pas avoir évoquer les milliers de Justes parmi les Nations originaires de Pologne.

5) La semaine sainte (1995)


Réalisé par Andrzej Wajda et sorti en 1995, La Semaine sainte est une adaptation du roman du même nom écrit par Jerzy Andrzejewski, un écrivain polonais qui écrivait en toute clandestinité durant la Seconde Guerre mondiale.

Le film du genre drame de guerre raconte l’histoire d’Irena, une Juive qui fuit les nazis. Elle est secrètement hébergée par Jan, son ancien compagnon, dans son immeuble de banlieue et avec tous les autres habitants.

Le film La Semaine sainte dépeint la grande histoire à travers le prisme de l’immeuble. Chaque protagoniste personnifie une métaphore et on s’aperçoit que Wajda ne cherche pas à représenter l’horreur de l’extermination des Juifs mais que ce qui l’intéresse tout particulièrement, c’est le peuple polonais. Wajda aborde dans sa réalisation l’indifférence de certains Polonais à l’égard des Juifs persécutés.

A la Berlinale de 1996 (6ème édition du Festival International du film de Berlin), le réalisateur du film remporte un Ours d’argent spécial pour sa contribution au cinéma.

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